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jeudi 22 mars 2012

Les contes du CAP'ÒC


Le CAP'ÒC, Centre d'Animation Pédagogique en Occitan, édite depuis de nombreuses années des documents pédagogiques bilingues Français / Occitan à destination, notamment, des classes de Calandretas en Aquitaine.
Le CAP'ÒC a ainsi produit une dizaine de très jolis livres de contes traditionnels occitans ou s'inspirant de la tradition. Les livres sont édités en occitan et chaque ouvrage est accompagné d'un CD audio permettant d'écouter l'histoire dans les trois variantes dialectales présentes en Aquitaine : gascon, languedocien et limousin, ainsi qu'en français.
Accéder à la page des productions du CAP'ÒC.



= Quelques contes du CAP'ÒC pour le plaisir


La craba mensongèra / La chèvre menteuse


C'était au temps où les animaux parlaient. Un homme avait trois fils et une chèvre... très menteuse...
Edité en 2006 - Conte traditionnel de Gascogne, illustré par Cathe Maissonnier.

Ecouter l'histoire de la craba mensongèra sur le site du CRDP.

Un livret d'accompagnement pédagogique est également téléchargeable.


La samponha / © Cathe Maissonnier


Un conte très amusant qui se terminera en musique avec cette illustration de cornemuse pour le moins originale : les connaisseurs auront reconnu ici la cornemuse pyrénéenne (cornemuse polyphonique) ou samponha, jouée par le groupe Ad'arrOn ;-)
Merci pour le clin d'oeil, Cathe :-)
Et pour le plaisir des oreilles et des yeux, je vous propose d'écouter ce duo de clari et samponha joués ici par le Duo Matta / Rouch.


Lo gatòt e la bossòla / Le chaton et la boussole


Pourquoi donc le chat a-t-il volé la boussole ? Pourquoi veut-il du lait? Quel chemin avant d'en trouver, combien d'endroits visités, de mondes, de bêtes rencontrées, de choses découvertes. Quel voyage, sans perdre le nord !
Edité en 2006 - Conte traditionnel, illustré par Sylvaine Abbadie.

Ecouter l'histoire de Lo gatòt e la bossòla sur le site du CRDP.

Un livret d'accompagnement pédagogique est également téléchargeable.

Maria la hagarda / Marie l'orgueilleuse



Dans la vie il ne faut pas être trop fanfaron ! Demandez à Maria, l'orgueilleuse, "tè", ce qu'il peut se passer sinon...
Edité en 2005 - Conte traditionnel, illustré par OHAZAR.

Ecouter l'histoire de Maria la hagarda sur le site du CRDP.

Un livret d'accompagnement pédagogique est également téléchargeable.

Lo Joan-Peish / Jean le Poisson


Si tu te promènes dans les Pyrénées, tu verras une montagne d'une forme bien particulière. Faite de deux pointes, l'une grande, l'autre plus petite, on dirait une bouche, ouverte vers le ciel. C'est l'Ossau, mais les gens l'appellent aussi Jean-Pierre. Sais-tu pourquoi ?
Edité en 2002. Conte de Jean Michel Dordeins, illustré par Sylvaine Abbadie.

Un très joli conte inspiré de la tradition pyrénéenne où l'on apprend pourquoi le Pic du Midi d'Ossau est également appelé Joan-Pèire / Jean-Pierre par les ossalois.

Télécharger le livret d'accompagnement pédagogique.



Pic Midi d'Ossau in winter (taken from Formiga...
Pic Midi d'Ossau in winter (taken from Formigal, Spain) (Photo credit: Wikipedia)


Lo mainat de neu / L'enfant de neige


Sur le plateau de Miuvachas, un vieil homme et sa compagne regrettaient de ne pas avoir eu d'enfant. Cette année, il se mit à neiger le premier jour de l'hiver...
Edité en 2006. Conte de Serge Mauhourat et Domenja Decamps, d'après un conte traditionnel du Limousin, illustré par Mayana Itoïz.

Ecouter l'histoire de Lo mainat de neu sur le site du CRDP.

Un livret d'accompagnement pédagogique est également téléchargeable.




Lo Minjachepics / Le Mangesoucis


C'était le Carnaval, la fête, la folie... Marie de Hauria, celle qui est vieille depuis toujours, nous montrait que c'était aussi le temps de brûler nos soucis, et comment le faire. Mais une fois brûlés, où s'en vont les soucis ?
Edité en 2002. Conte de Serge Mauhourat, illustré par Isabelle Morlaàs-Lurbe.

Ecouter l'histoire de Lo Minjachepics dite par Serge Mauhourat.

Un livret d'accompagnement pédagogique est également téléchargeable.


Quand vient le soir, l’hiver, j’ai un grand travail : faire cuire les bûches. Je les dispose chacune bien à sa place dans la cheminée, et j’allume… Alors, alors seulement commence la cuisson… Oh ! bien sûr, il faut qu’elles brûlent… mais pas trop vite tranquillement… il faut surveiller, souffler, mouiller… En fait il faut s’asseoir devant l’âtre et attendre, attendre qu’elles soient cuites.
C’était l’un de ces soirs, l’un de ces soirs d’hiver que l’on passe à faire cuire les bûches. J’étais tranquillement installé devant la cheminée, quand un bruit soudain monta de la rue, un bruit d’abord lointain mais qui se rapprochait. Je reconnus des chants tous différents… des chants pour chanter, des chants pour danser, des chants pour faire la fête, des chants qui, finalement, se rapprochaient jusqu’à venir frapper à ma porte.
J’allais ouvrir… Il y avait là une foule de gens déguisés… de très beaux, très élégants, mais aussi des laids, vraiment très laids… C’était Carnaval et je l’avais oublié, occupé que j’étais à faire cuire les bûches. Vite, je courus à l’armoire de Mémé pour y prendre sa vieille robe bleue, celle avec les petites fleurs blanches, des bas, une perruque, un foulard… Pour les pantoufles, j’allai à l’armoire de Pépé.
J’étais jolie comme tout…
Alors commença la fête… d’abord dans les rues puis chez Antoinette, le café du village. Là, on a bu, chanté et mangé, encore et encore… Vers deux heures du matin, Antoinette nous demanda de bien vouloir partir, elle avait sommeil. Alors nous sommes sortis, il faisait froid et nous étions un peu perdus. Dans la nuit, tout était calme.
C’est en passant devant l’église, que l’un de nous eut l’idée d’aller sonner la cloche. La chose nous amusa beaucoup car dès que la cloche sonnait, les lumières des maisons s’allumaient… C’est la soif qui nous arrêta. On alla chez Bertrand, il avait toujours du bon vin. Sous ses fenêtres, on chanta d’abord doucement, puis de plus en plus fort sans parvenir à le réveiller. Alors nous avons chanté qu’autrefois, Bertrand allait derrière l’église et que… là il ouvrit… et nous en sortîmes à quatre heures du matin.
Un peu plus tard, on se retrouva sous les fenêtres de Gaston, il avait tué le cochon. On chanta d’abord doucement, puis de plus en plus fort sans parvenir à le réveiller. Alors nous avons chanté qu’autrefois, dans le champ de Gaston, la borne n’était pas à l’endroit où elle se trouve aujourd’hui et que… là il ouvrit… et nous en sortîmes à six heures après avoir goûté les miques, les chichons, les saucisses…
Le froid mordait toujours, le soleil ne voulait pas se lever, c’était l’hiver. On décida d’aller chez Denise pour manger des crêpes… Sous ses fenêtres, on chanta d’abord doucement puis de plus en plus fort sans parvenir à la réveiller. Alors nous avons chanté qu’autrefois, Denise allait derrière l’église et que… là elle ouvrit… et nous en sortîmes fatigués à sept heures pour rentrer à la maison.
Sur le coup de midi, nous nous sommes réveillés les uns après les autres. En ouvrant les volets, je vis des gens qui faisaient la tête : "le mus" , mais "un mus" terrible. Peut-être avaient-ils mal dormi ? Je téléphonai à mes amis, ils me dirent que tout le village faisait le "mus".
Mais c’est de la faute à Carnaval ! S’il n’y avait pas eu Carnaval nous serions restés chez nous à faire cuire les bûches et heureusement que nous y étions pour le fêter sans quoi : pas de Carnaval et donc pas de printemps !
Nous décidâmes, alors, de fabriquer un bonhomme de papier. Nous l’appellerions Sent Pançard et, le mardi gras, nous le promènerions dans les rues du village avant de l’amener sur la place pour l’accuser de nos bêtises et le brûler !
Nous le fabriquâmes et arriva le Mardi Gras.
Sent Pançard posé au beau milieu de la place, le jugement put commencer. Il fut d’abord accusé de toutes les folies des jours passés… puis de tous les petits soucis de la vie quotidienne : la vache malade, la télévision en panne, le tonnerre trop fort, la neige trop froide, le soleil trop chaud… avant que n’arrivent les soucis plus importants : les disputes, le chagrin quand les gens s’en vont…
C’est alors que s’approcha la petite Léa. Le petit chat que lui avait donné son pépé était parti. Elle était triste et voulait que la faute en incombe à quelqu’un. Elle accusa Sent Pançard.
Soudain, le silence… Maria de Hauria, celle qui est vieille depuis toujours, avec le bleu profond de ses yeux et la neige de ses cheveux traversa la foule, sérieuse et fière, un petit papier à la main. Arrivée à côté de Sent Pançard, elle se retourna et dit :
"Ici dessus, j’ai écrit mon souci le plus secret et le plus pesant, le plus vieux aussi. Je ne veux pas le dire devant tout le monde mais je veux qu’il s’en aille avec le brasier de Carnaval !" Et elle colla son souci sur le dos du pantin.
Puis, les uns après les autres, dans un grand silence, les gens du village allèrent coller leur souci de papier sur le dos de Sent Pançard. Il y en avait des rouges, des verts, des bleus, des violets, mais aussi des blancs et des noirs… Pauvre Sent Pançard, il était chargé de soucis de toutes les couleurs…
Le Sent Pançard fut condamné à être brûlé immédiatement sur la place du village… Les bûches furent empilées, Carnaval posé dessus… Et, "haut" , le feu fut allumé… QUEL BRASIER !
Les flammes commencèrent à manger les souliers de Sent Pançard parce que Carnaval avait des souliers de papier, des souliers de papier pour danser "léger"…
Puis elles montèrent pour manger le pantalon parce que Carnaval avait un pantalon de papier, un pantalon de papier pour danser "léger".
Puis la chemise parce que Carnaval avait une chemise de papier, une chemise de papier pour danser "léger"…
Puis le tricot parce que Carnaval avait un tricot de papier, un tricot de papier pour danser "léger"
Et pour finir les soucis parce que Carnaval avait des soucis de papier pour danser "léger"
C’est alors que Jan s’écria : "Regardez, les soucis s’en vont !"
Au-dessus du brasier, au beau milieu de la fumée, des petits bouts de papier rouges de feu s’éparpillaient, c’étaient les soucis qui montaient, montaient, montaient dans le ciel. Au bout d’un moment, le vent du sud se leva, sûrement grâce au printemps, délivré de la tanière de l’ours. Il amena les soucis.
Nous les suivîmes !… Nous les suivîmes en traversant les prés, les buissons, les bois et arrivâmes au gave.
Là, le vent du sud les déposa un à un, tout doucement, dans l’eau verte de neige.
"Où vont-ils ? Où vont-ils ?" cria Sylvain.
Au bord du gave, il y avait un vieil homme que personne ne connaissait et qui regardait l’eau s’en aller. Il portait un pantalon bleu, une veste bleue, une casquette bleue avec une ancre dessus. En fait, il me rappelait quelqu’un, mais je ne savais pas qui. Il avait les yeux étranges, les yeux de quelqu’un qui a longtemps cherché… au fond de ses yeux, il y avait le bleu de l’océan… Il se leva, le doigt tendu vers la plaine et répondit :
– A l’embouchure, petit… Ils s’en vont à la bouche de l’océan qui mange le gave. Ils s’en vont au Boucau. Tu sais, petit, le gave dévale la montagne mais il finit par se calmer et se promène tranquillement entre les champs comme s’il devenait vieux… il finit par arriver dans la gueule de l’océan, cette gueule qui mange le gave. Là, il essaie de reculer mais ne peut pas… un gave ne recule jamais… et les soucis non plus. Alors, ils s’en vont loin, loin dans l’océan et là, vont descendre jusqu’au plus profond, l’un après l’autre, tout doucement.
– Alors, au fond de l’océan, se trouvent tous les soucis du monde ? lui demanda Sylvain.
– Non, lui répondit le vieil homme, parce qu’il y a le Minjachepics !
– Qui est-ce ? lui demanda-t-il
– Un poisson. Un poisson que personne n’a jamais vu. On ne sait pas s’il est grand ou petit, rouge, vert, bleu, violet, blanc ou noir mais il est au fond de l’océan et mange les soucis du monde. C’est pour cette raison que les gens oublient vite les leçons de la vie.
Le vieil homme abaissa son doigt. Au fond des yeux, il avait tous les soucis du monde. Avant de partir, il dit encore :
"Prenez garde à ne pas marcher sur les braises, peut-être s’y trouve-t-il encore des soucis. Si vous marchiez dessus, vous pourriez les coller à vos semelles et les ramener chez vous… De plus, ils pourraient être les soucis de quelqu’un d’autre… Le vent du sud ou le vent de l’océan viendront bientôt les chercher."
Le vieil homme partit comme Carnaval… Au village, personne ne l’a jamais revu, mais tous savent maintenant où partent les soucis, le dernier jour de Carnaval.
E cric e crac, lo Carnaval qu’ei cremat.
E crac e cric, lo Carnaval qu’ei partit.
Source : site du Carnaval biarnès

La nueit que's minja lo dia / La nuit qui dévore le jour


Chez nous, depuis la nuit des temps jusqu'à aujourd'hui, quand la nuit mange le jour, les gens savent qu'ils doivent réveiller l'ours pour délivrer le printemps. Mais comment faire ?

Edité en 2003. Conte de Serge Mauhourat, illustré par Isabelle Morlaàs-Lurbe.

Télécharger le livret d'accompagnement pédagogique.

Il était une fois, à une époque très ancienne, une époque où les hommes vivaient dans des cabanes de branches et de peau, où les hommes faisaient chanter la montagne en festoyant dans ses grottes, à l’entrée des cavernes…
Il y en avait deux, cachés derrière un buisson, face à la montagne, un bâton à la main, attendant qu’une bête sauvage passe. Tout à coup, l’un dit à l’autre :
— Eh !
— Qu’y a-t-il ? lui répondit-il.
— As-tu vu la neige sur la montagne ?
— Oui, je l’ai vue.


— Eh !
— Qu’y a-t-il
— As-tu vu le soleil ?
— Oui, et alors ?
— Il n’ose plus monter au beau milieu du ciel, on dirait qu’il est effrayé !
— Ah, tu crois ?


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— As-tu vu la nuit ?
— Oui, et alors ?
— Elle devient de plus en plus longue et obscure !
— Ah !


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— As-tu vu le jour ?
— Oui, et alors ?
— Il raccourcit de plus en plus !
— Ah !


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— On dirait que la nuit dévore le jour !
— Ah !


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— Et si elle dévore le jour entièrement ?
— Eh bien alors nous mourrons !
— Et que faut-il faire ?
— Là, à mon avis, il faut aller voir le sorcier.
Ils allèrent voir le sorcier en courant. Bien sûr, lui savait ! Il habitait une grotte un peu à l’écart du village.
Ils y arrivèrent ; il régnait là un mélange d’odeurs de corne brûlée et d’onguents sucrés.
Un peu effrayés, ils osèrent demander :
— Eh, sorcier !
— Qui y a-t-il ? leur répondit-il d’une voix terrifiante.
— La nuit devient de plus en plus longue!
— Je sais !
— Et le jour de plus en plus court!
— Et alors ?
— On dirait que la nuit dévore le jour !
Sans sortir de sa grotte, le sorcier dit :
—Ce n’est que le début d’une mauvaise période, la période du froid, de l’obscurité, des bêtes sauvages affamées et de la peur.
— Et que faut-il faire ? lui demandèrent les chasseurs.
— Il faut festoyer dans la montagne. Il faut aller chanter et danser à l’entrée de notre grotte autour d’un grand feu, surtout sans le quitter des yeux, jusqu’à ce que la lune soit ronde.
Les deux chasseurs allèrent voir tous les hommes du village pour leur raconter leur histoire. Ils dansèrent et chantèrent autour du feu pendant des nuits et des jours et des jours et des nuits, surtout sans le quitter des yeux, et peu à peu nuit après nuit la lune devint ronde.
Mais la nuit affamée continuait son repas et le soleil, maintenant, n’osait même pas passer au-dessus de la montagne. Alors, ils retournèrent voir le sorcier.
En arrivant, ils reconnurent ce mélange d’odeurs de corne brûlée et d’onguents sucrés, la grotte en était tout enfumée. Ils se mirent à demander :
— Eh, sorcier !
— Qu’y a-t-il ? leur répondit-il d’une voix terrifiante.
— Nous avons chanté, nous avons dansé jusqu’à ce que la lune soit ronde mais la nuit devient de plus en plus longue.
Le sorcier demanda :
— Est-il parti ?
— Qui devait partir ? lui demandèrent les chasseurs.
— Eh bien, notre cousin, l’homme sauvage de la montagne, lo pelut qui sait marcher sur les jambes de derrière, qui sait ramasser les myrtilles comme on cueille une fleur, qui sait trouver le miel et les sources fraîches et qui s’en va quand il faut partir, répondit-il en colère.
— Oui, broish, l’ours a disparu, lui dirent les chasseurs, effrayés.
Le sorcier gagna le fond de la grotte et revint avec la peau de l’ours tué l’été passé. Il avait gardé la tête attachée à la peau. Il mit la tête de la bête sur la sienne puis il s’enroula dans la peau de l’ours et dit :
— Pour faire revenir le beau temps, il faut faire revenir l’ours car il porte le printemps sur son dos. Il l’emporte quand il s’en va mais quand il revient, le soleil fait pleurer la montagne.
Venez, vêtus ainsi, dans la bouche de la montagne nous allons danser et chanter autour du grand feu, surtout sans le quitter des yeux. Nous allons lui faire croire qu’il y en a un qui est sorti. Ainsi l’ours va revenir et le printemps avec lui.
Et ils chantèrent et dansèrent des nuits et des jours et des jours et des nuits autour du feu, et surtout sans le quitter les yeux, dans la montagne. Cela dura une lune entière…
Puis un jour, celui qui regardait toujours l’horizon cria :
— Je l’ai vu ! je l’ai vu ! Tout chargé de printemps ! Le vent du sud se lève !
C’était vrai, Lo Mossur était revenu avec la balaguèra qui, aussitôt, fit pleurer la montagne ; comme un lop de la neu elle chassa la neige jusqu’au sommet. Puis, jour après jour, le soleil se leva plus tôt, s’en alla un peu plus tard et, enhardi parce qu’il n’était plus tout seul, il se mit à monter un peu plus haut dans le ciel.
Les arbres, réveillés, commencèrent à se vêtir de vert, puis de fleurs de toutes les couleurs et enfin de fruits sucrés.
Les bêtes, petites et grandes, osèrent alors parcourir les forêts et les prairies. Pour les hommes, le beau temps était revenu, le temps de la lumière et de la chaleur, le moment de partir à la chasse parce qu’ils en avaient besoin et justement… regarde…
Il y en a deux, cachés derrière un buisson face à la montagne, un bâton à la main attendant qu’une bête sauvage passe. Tout à coup… écoute… l’un dit à l’autre :
— Eh !
— Qu’y a-t-il ? lui répondit-il.
— As-tu vu la neige sur la montagne ?
— Oui, je l’ai vue.


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— As-tu vu le soleil ?
— Oui, et alors ?
— Il n’ose plus monter au beau milieu du ciel, on dirait qu’il est effrayé !
— Ah, tu crois ?


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— As-tu vu la nuit ?
— Oui, et alors ?
— Elle devient de plus en plus longue et obscure !
— Ah !


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— As-tu vu le jour ?
— Oui, et alors ?
— Il raccourcit de plus en plus !
— Ah !


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— On dirait que la nuit dévore le jour !
— Ah !


— Eh !
— Qu’y a-t-il ?
— Et si elle dévore le jour entièrement ?
— Eh bien alors nous mourrons !
— Et que faut-il faire ?
— Ah, là, à mon avis, il faut aller voir le sorcier.
Eh ! Sais-tu comment s’appelle cette fête où il faut s’habiller en son contraire, où il faut chanter et danser autour du grand feu, surtout sans le quitter des yeux, juste pour faire revenir le printemps ? De nos jours, les gens l’appellent Carnaval.
Et cric et crac le conte est terminé.
Et crac et cric le conte est fini.

Source : site du Carnaval biarnès

Jan de l'Ors / Jean de l'ours


Jan de l’Ors est moitié homme, moitié ours, et il devra faire valoir sa différence face à une société qui s'en voit pour admettre qu'il puisse suivre un autre chemin que le sien. Plus qu'une aventure, c'est un voyage initiatique pour passer de l'enfance à l'âge adulte qui est conté ici. C'est un conte traditionnel trés connu dans les Pyrénées.
Edité en 2005. Conte de Jaqueish Ròth d'après un conte traditionnel, illustré par Thomas Baudoin.

Télécharger le livret d'accompagnement pédagogique.


Voir aussi l'article [Jan de l'Ors] sur ce site.



= En savoir plus sur le CAP'ÒC et ses productions

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